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Ambiance bâtiments : vos installations sont-elles en cause dans les pathologies de votre troupeau ?

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L'utilisation de fumigènes peut aider à évaluer la ventilation du bâtiment, sur les entrées et sorties d'air. Pour la troisième journée des BoviDays sur l'ambiance des bâtiments, des tests ont été effectués sur un des bâtiments de la famille Lagarde à La Bastide-de-Sérou.

L’ambiance des bâtiments est un facteur de risque majeur des maladies respiratoires. Dans un bâtiment correctement ventilé, l’air frais doit pouvoir entrer et l’air vicié en sortir. Pour traiter ce sujet complexe, la Chambre d’agriculture proposait une rencontre technique sur l’ambiance des bâtiments dans le cadre des BoviDays, sur l’exploitation d’Evelyne et Damien Lagarde, éleveurs en bovin viande à La Bastide-de-Sérou. « Un sujet qui concerne la quasi-totalité des éleveurs ariégeois » présentait en préambule Joël Venturin, membre du Bureau de la Chambre d’agriculture. « Au-delà de réflexion menée dans le cadre de la construction, nous sommes nombreux à posséder des bâtiments d’élevage anciens nécessitant différents travaux d’aménagement pour une conduite sanitaire optimale ».


Pour cette troisième journée des BoviDays, agriculteurs, conseillers et vétérinaire sont venus apporter leur expertise sur cette thématique.

La relation entre le bâtiment et la santé des animaux est souvent étroite. Quels sont les grands principes à respecter ?

Olivia Daujan, conseillère spécialisée au sein de la Chambre d’agriculture du Gers, présente les enjeux liés à la conception et à l'aménagement des bâtiments.

L’air du bâtiment d’élevage doit pouvoir se renouveler en continu. Ce renouvellement doit être réalisé en 3 et 5 minutes. Un bovin adulte par sa respiration et sa sudation produit beaucoup de vapeur d’eau soit 25 litres par jour. Si on ne ventile pas, cela équivaut à déverser deux seaux d’eau par jour sur l’animal. La ventilation permet également d’évacuer les gaz nocifs, d’apporter de l’oxygène et de réguler la température intérieure du bâtiment.


L’air chaud monte et arrive à se refroidir grâce à l’effet vent et/ou l’effet cheminée. L’effet vent est le flux d’air traversant un bâtiment. Pour cela, celui-ci devra être correctement exposé aux vents dominants par les longs pans et sa largeur ne devra pas excéder 20 mètres. L’effet cheminée est induit par la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur du bâtiment : l’air intérieur plus chaud et plus léger se dirige vers le faîtage.


Le bâtiment peut ainsi jouer sur deux facteurs à risque dans le cadre de la santé animale : la pression microbienne et la sensibilité de l’animal.


Attention également à la vitesse de l’air, elle doit être inférieure à 0.5 m/s pour un bovin adulte (tolérance de 1 m/s en pointe) et de 0.25 m/s chez les veaux (tolérance de 0.5 m/s en pointe).
Il n’y a pas une vérité dans la conception des bâtiments. Chaque construction est adaptée à la fois au site et aux attentes des agriculteurs, non seulement en terme de bien-être animal mais aussi de confort et de sécurité au travail. Il est important de se faire accompagner et d’avoir un regard extérieur pour la construction et l’aménagement des bâtiments d’élevage.

Cas pratique : améliorer l'ambiance de son bâtiment

"Nous sommes en GAEC sur une exploitation de 97 ha avec un cheptel de 93 mères limousines. Pour les animaux, nous possédons un vieux bâtiment construit en 1979 avec logettes et système de raclage. A l’époque, nous avions des problèmes sur les jeunes veaux : diarrhées, grippes… Nous avions par la suite contourné le problème en décalant les périodes de vêlages du printemps à l’automne, pour des raisons sanitaires mais aussi économiques. Ce type de bâtiment était très en vogue dans les années 80 avant les stabulations paillées.

Aujourd’hui, la conception des bâtiments a beaucoup évolué. Nous avons apporté des modifications au fur et à mesure des années en ajoutant des filets brise-vent et des tôles translucides pour améliorer l’ambiance.

Suite à l’agrandissement du troupeau, nous avons également construit deux stabulations de 25 mètres, une pour l’engraissement des animaux, l’autre pour les mères".
Elevelyne et Damien Lagarde

Quelles sont les pistes d’amélioration du bâtiment ?

L’utilisation de fumigènes a démontré le manque d’entrées et de sorties d’air. Les fumées ont eu beaucoup de mal à s’extraire du bâtiment. Il faut alors favoriser l’effet cheminée du bâtiment grâce à des aménagements simples à réaliser.
❚ Pour la sortie de l’air : une ouverture de 12 m sur la longueur du faîtage de 40 m en n’excédant pas une ouverture de plus de 30 cm de large.
❚ Pour l’entrée de l’air : ouverture latérale par la suppression des baguettes en bois utilisées comme jointure dans le bardage du bâtiment

Le point de vue du vétérinaire

En cas de problème d’humidité sur la litière, les pathologies infectieuses vont se développer dès la naissance des veaux. Les problèmes de courants d’air vont, quant à eux, entraîner des maladies respiratoires. Le veau de 0 à 6 mois tolère très mal les variations de températures.
Les maladies respiratoires peuvent être multifactorielles mais en cas de rechute récurrente pendant la période hivernale, l’ambiance du bâtiment sera directement mise en cause. Une bonne ventilation est essentielle. Celle-ci ne peut pas fonctionner lorsque le sens du vent est dans la même direction que le sens des filets ou lorsque deux bâtiments sont parallèles, une dépression se crée, alors,entre les deux.

L’entrée de lumière dans le bâtiment est également importante. Des tôles translucides doivent pour cela être implantées sur 10 à 15 % de la surface de toiture du bâtiment. La lumière joue, en effet, un rôle sur la synthèse de la vitamine D intervenant dans la fixation du calcium, essentiel pour les animaux en croissance et à l’engraissement. La lumière agit également sur la reproduction des animaux.
Vous devez être vigilants à l’état de vos charpentes. La présence de toiles d'araignées est un premier indicateur sur le manque d’air. Lorsqu’on utilise des pailleuses, il faut veiller à nettoyer régulièrement les filets brise-vent pour que ceux-ci assurent pleinement leur fonction. Le comportement des animaux peut traduire des effets négatifs de votre bâtiment. Si les jeunes cherchent à s’abriter, se couchent regroupés dans un coin… cela peut être signe de courants d’air.
Pour finir, évitez une densité animale trop importante. Une surface de 10 à 15 m² est recommandée par vache. Au-delà, vous risquez de favoriser l’échauffement de la litière et le dégagement d’ammoniac.
Jean-Paul Jacques, responsable technique régional pour l'entreprise Zoetis

Le conseil du vétérinaire : c’est quoi un courant d’air ?

Placez-vous dans la zone de logement des animaux, allumez un briquet. Si la flamme s’éteint, vous êtes au-delà de la vitesse de l’air recommandée. Les filets brise-vent servent à réduire cette vitesse. Les portails du bâtiment doivent également être fermés.

Propos recueillis par GC.

 

Programme réalisé avec le concours financier du CasDAR