Agrosyl : le suivi d'expérimentations dans les fermes pilotes ariégeoises
Construire des références locales en agroforesterie et en sylvopastoralisme. C’est l’objectif du groupe opérationnel du partenariat européen pour l’innovation Agrosyl, animé par la Chambre d’agriculture de l’Ariège en concertation avec des éleveurs et des acteurs de la recherche et du développement (Inra, IDF et Idele). La journée technique du 4 avril était l’occasion de faire visiter trois des sept fermes pilotes engagées dans le partenariat : le GAEC Authier, en bovins viande, puis le GAEC de Bellevue, en bovins viande et lait, et enfin le GAEC Derramond, en ovins viande. Ces exploitants ont présenté, aux quelques 70 agriculteurs et membres de structures de développement et de recherche présents, leurs dispositifs expérimentaux :
❚ La culture du Mûrier blanc fourrager (GAEC Authier) ;
❚ L’utilisation d’une litière à base de plaquettes de bois (GAEC de Bellevue) ;
❚ Le pâturage des bois (GAEC Derramond) ;
❚ La consommation de glands par les animaux (GAEC Derramond).
Chacun de ces essais a pour but d’améliorer le bien-être animal et de favoriser l’autonomie fourragère des exploitations. Ils répondent ainsi aux deux principaux besoins qu’avaient exprimés 62 éleveurs lors d’une enquête aux origines d’Agrosyl. Les exploitants membres du réseau de fermes pilotes Agrosyl seront accompagnés par la Chambre d’agriculture de l’Ariège jusqu’à la fin du projet, en 2020. Ils bénéficient ainsi de conseils agrosylvopastoraux, d’un suivi technique de leurs dispositifs expérimentaux et de formations pour monter en compétence sur l’utilisation de l’arbre forestier ou agroforestier dans leur système de production.
Une journée qui initie le mouvement. « L’idée de la journée était d’impulser une dynamique locale en agroforesterie et sylvopastoralisme en réunissant les acteurs concernés », explique Mehdi Bounab, chargé de missions forêts, arbres et bois de la Chambre d’agriculture de l’Ariège et animateur du projet Agrosyl. « Nous avons expliqué les dispositifs, invité des experts à exposer leurs résultats sur des expérimentations semblables, et annoncé d’autres rendez-vous à venir plus techniques. »
Le GAEC Derramond, en ovins viande, a choisi de pratiquer des éclaircies de 40 à 50 % dans une parcelle boisée de 2,5 ha pour y favoriser le passage de la lumière et donc la pousse de l’herbe. 60 m3 de bois (120 stères de bois en 50 cm)/ha y ont été dégagés cet hiver et seront valorisés pour le chauffage. Au travers de cette expérimentation en sylvopastoralisme, les éleveurs souhaitent prolonger la saison de pâturage par deux moyens : le décalage de la production herbeuse (lié à l’effet parasol des arbres) et la valorisation des glands.
Marcel Authier (à droite), éleveur en bovins viande, présente sa parcelle de Mûriers blancs de 0.2 ha. Ces arbres plantés à haute densité (20 000 plants/ha) lui permettront de fournir du fourrage aux animaux l’été, lors des pénuries d’herbe. L’expérimentation a pour but de suivre l’adaptation de cette essence aux conditions locales, à Mirepoix, et d’étudier le rendement et la valeur alimentaire des feuilles des Mûriers.
Jean-Yves Bousquet (à droite), éleveur en bovins viande et lait, utilise depuis deux ans des litières composées à 50 % de paille et à 50 % de bois broyé en plaquettes. Il fait ainsi des économies en réduisant ses achats extérieurs de paille, dans un contexte d’agrandissement de son troupeau. Avec son linéaire de 11 km de haies, il peut gérer de façon durable son stock de bois sur pied à raison de 60 m3 exploités chaque année
Marie Cadudal
