Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Toutes les actualités > Étude du tableau de bord - vache allaitante

Étude du tableau de bord - vache allaitante

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Une fois par an est édité, pour chaque élevage bovin allaitant du département, le tableau de bord vache allaitante (TBVA). Ce document rend compte de manière concrète des résultats de l’atelier sur une année complète. Au-delà de ça, il permet à chacun de situer sa production par rapport à ses collègues du département, de se fixer de nouveaux objectifs à atteindre et des pistes de travail pour les années à venir.

Profitez de cet article pour mieux comprendre l’édition de ce document et comment l’interpréter. N’hésitez pas à demander le vôtre auprès de des conseillers et techniciens de la Chambre d’Agriculture de l’Ariège.

La construction du TBVA

Afin d’interpréter au mieux ce document, il peut être intéressant de comprendre son édition. En effet, le TBVA est édité une fois par an, sur une campagne s’étalant du 01/08 d’une année au 31/07 de l’année suivante. Les résultats qui y sont présentés sont calculés à partir de l’effectif moyen présent de femelles de plus de trois ans, que celles-ci répondent à un objectif de reproduction ou non.

Il est important de noter que ce document est édité à partir des déclarations de naissances et de sorties des éleveurs et que sa cohérence dépend alors de la véracité de celles-ci.

L’analyse du TBVA

L’analyse de ce document doit tenir compte des éléments du contexte structurel de l’exploitation, mais également des objectifs personnels du chef d’exploitation et de la conjoncture de l’année en cours (augmentation ou diminution du cheptel par rapport aux années précédentes, maladies,etc.).

1. La productivité globale

La lecture du TBVA débute par une analyse de la productivité globale de l’atelier allaitant. Cette dernière correspond au nombre de veaux sevrés par rapport au nombre moyen de femelles de plus de trois ans présentes, le calcul étant détaillé sur le document.

L’objectif ici est d’atteindre les 100% de productivité globale, ce qui signifierait que toutes les femelles de plus de trois ans ont réussi à sevrer un veau sur la période. Cet objectif des 100% peut même être dépassé en cas naissances gémellaires.

Il faut cependant être particulièrement vigilant lors de l’analyse de cette donnée, qui peut être fortement impactée par un achat ou une vente d’un lot de vaches prêtes à vêler. En effet, ce genre de mouvements d’animaux peut impacter grandement le rapport entre le nombre de vêlages et donc de sevrages et la présence de femelles sur l’exploitation.

Par exemple, dans le cas de l’achat d’un lot prêt à vêler en cours de période, le nombre de vaches au vêlage est largement supérieur à l’effectif moyen, ce qui fait grandement augmenter la productivité globale du troupeau.

 

2. Les sorties des vaches ayant vêlé sur l’exploitation

Nous pouvons poursuivre l’étude du TBVA par l’analyse des délais vêlage-sortie des vaches ayant vêlé sur l’exploitation. Ces derniers sont différenciés en deux catégories distinctes, selon la destination des vaches vendues.

Nous retrouvons d’une part les sorties dites « élevage », comprenant à la fois les ventes de couples vache-veau, les ventes de vaches maigres destinées à l’engraissement et la vente de vaches reproductrices. D’autre part, nous retrouvons les sorties « boucherie », concernant les animaux abattus dès leur sortie de l’exploitation. Les destinations des vaches impactent directement ce délai vêlage-sortie et par conséquent les objectifs que nous nous fixerons quant à ce délai, même si, quelle que soit la destination de l’animal vendu, l’objectif est de réduire au maximum cette période «  d’improductivité ».

En ce qui concerne les sorties « élevage », si le souhait de l’éleveur est de vendre séparément la vache de son veau, l’objectif est de réduire au maximum ces délais afin de s’approcher au plus possible de la durée de l’allaitement, qui dure, en production de broutards, dans les environs de 210 jours. Ce délai peut cependant être raccourci, de manière volontaire ou non. C’est le cas lorsque le veau meurt durant l’allaitement ou s’il est sevré et vendu précocement.

Dans le cas d’une sortie « boucherie », ce délai est naturellement rallongé par une période d’engraissement, qui doit être ajoutée à la durée de l’allaitement précédemment décrite, et qui doit durer, de manière optimale, de 3 à 4 mois (90 à 120 jours).

Ainsi, quelle que soit la destination des animaux, nous estimerons que sa sortie doit être opérée, de manière optimale dans les 330 jours maximum suivant son dernier vêlage sur l’exploitation (210 jours d’allaitement + 120 jours d’engraissement).

Finalement, dans un élevage bovin allaitant, on estimera le taux de réforme optimal entre 15 et 20 % du nombre de vaches au vêlage. Le risque d’un taux de réforme et donc de renouvellement trop faible est d’entre autres, se retrouver avec  un troupeau vieillissant, plus enclin aux problèmes locomoteurs, de digestions ou sanitaires.

 

3. La productivité

Au sein de cette troisième partie du TBVA, il semble intéressant d’étudier plus en détail 4 des indicateurs présentés afin de comprendre le niveau de productivité globale de l’atelier.

On retrouve tout d’abord le taux de vêlage, l’un des indicateurs les plus impactant de la productivité globale, puisqu’il définira le niveau maximal de la productivité globale. On cherche alors à atteindre les 100% de vêlages au sein du troupeau.

Ensuite, il est intéressant d’étudier l’âge moyen des vaches au premier vêlage. En effet, l’objectif en bovin allaitant est fixé à 36 mois. Cependant, si les conditions le permettent, celui-ci peut avoir lieu un peu plus tôt dans la vie de l’animal, entre 30 et 36 mois. En revanche, au-delà de 36 mois, les animaux n’ayant pas mis bas font chuter la productivité globale de l’atelier.

Il est également très important de porter une attention particulière à l’IVV (Intervalle Vêlage-Vêlage) du troupeau. L’objectif étant de produire un veau par vache et par an, celui-ci doit, dans l’idéal être de 365 jours. Un allongement de l’IVV moyen traduit une baisse de la productivité des vaches. Ces causes peuvent être multiples et une analyse globale du troupeau et de ses conditions de vie peut alors être judicieuse.

Finalement, il peut aussi être intéressant de porter un regard critique sur le taux de femelles ayant un IVV supérieur à 400 et à 430 jours. En effet, si ces deux valeurs sont élevées, il peut être intéressant d’identifier les animaux concernés afin de mieux comprendre pourquoi l’IVV s’allonge. Il n’est pas rare de retrouver ces animaux plusieurs années d’affilées dans la liste des animaux « à problèmes » et il peut donc être judicieux de réformer en priorité les animaux ayant fréquemment des problèmes de remise à la reproduction.

 

La mortalité

La mortalité des veaux au sein de l’élevage est le deuxième indicateur le plus impactant vis-à-vis de la productivité globale. De ce fait, son analyse est primordiale dans l’étude d’un TBVA.

Cette analyse se fait de manière globale dans un premier temps, via la mortalité des veaux âgés de 0 à 210 jours. Cela comprend alors tous les veaux de leur naissance au sevrage. En élevage bovin allaitant, nous avons pour habitude de tenter de ne pas franchir le seuil des 5% de mortalité chez les veaux. Cependant, il ne suffit pas de porter attention à la quantité de veaux perdus, il faut également être vigilant à la répartition tout au long de la campagne de ces pertes. En effet, des pertes regroupées sont souvent le signe d’épisodes de maladies au sein du troupeau. Il peut alors être censé de chercher à connaître l’agent pathogène ou l’élément de conduite induisant une telle perte.

De plus, il n’est pas rare que ces pertes touchent certaines catégories de veaux plus que d’autres et il est alors nécessaire de porter attention à la répartition de ces pertes au sein des différentes catégories d’âge des veaux.

On retrouve tout d’abord les veaux âgés de 0 à 2 jours. Les pertes chez ces veaux-là sont tout particulièrement liées à leurs conditions de naissance, ainsi qu’aux soins qu’ils peuvent être emmenés à subir ou non dans leurs premiers instants de vie. Nous retrouvons par exemple la prise colostrale qui doit répondre à certaines exigences en termes de qualité et de quantité de colostrum ingéré ainsi qu’à des exigences de délai entre la naissance et cette première prise alimentaire.

Pour rappel, la mort d’un veau dans ses 48 premières heures de vie est, au sens légal du terme, considérée comme un avortement. Par conséquent, sa déclaration est obligatoire. Cette dernière passe par le biais du vétérinaire sanitaire de l’exploitation.

Ensuite, il est possible d’étudier la mortalité des veaux âgés de 3 à 90 jours de vie. Ici encore, la cause peut être liée à un défaut dans la prise colostrale. En effet, c’est au sein de cette tranche d’âge que se fait le relai entre l’immunité apportée par la prise colostrale et l’immunité que se construit le veau lui-même. Ainsi, un défaut d’immunité colostrale peut fragiliser l’immunité globale veau sur une plus longue durée, le sensibilisant aux différents agents pathogènes, responsables de diarrhées ou de problèmes respiratoires.

Au-delà de 90 jours, les pertes de veaux doivent être exceptionnelles. On y retrouve la plupart du temps des pertes accidentelles, en montagne par exemple, ou liées à des blessures graves.

 

EN RÉSUMÉ

Le TBVA se conclut par une synthèse des éléments les plus importants du document. Cette partie, beaucoup plus visuelle permet de se situer clairement par rapport aux objectifs généraux ainsi que par rapport au reste des éleveurs du département.

En fin de tableau de bord, nous retrouvons une petite étude économique, qui estime la perte de chiffre d’affaires liée au nombre de veaux perdus par rapport aux résultats obtenus dans l’élevage, comparés à ceux du ¼ supérieur. Cette perte est estimée avec un prix moyen de vente des veaux établi à 600€. Il peut alors être justifié de recalculer cette perte en fonction du prix de vente réel des veaux sur l’exploitation.